« A Pentecôte, on récolte les fruits de Pâques » Cathobel 7 juin 2019
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- Catégorie : Mieux comprendre la foi chrétienne
- Publication : vendredi 7 juin 2019 16:20
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Ce dimanche 9 juin, nous célébrons la solennité de Pentecôte. Nous revenons sur le sens de cette fête, à travers quelques questions posées par Isabelle Bogaert à Christophe Herinckx, « le théologien-maison » de CathoBel. D’où vient le mot Pentecôte?
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Pentecôte vient du mot grec pentêkostè hèmera, qui veut dire « cinquantième jour ». La Pentecôte est célébrée cinquante jours après Pâques. Cinquante est un chiffre symbolique. Pentecôte correspond en fait au temps des moissons, et Pâques au temps des semailles. C’est à Pentecôte que les apôtres, et tous les chrétiens à leur suite, vont donc recueillir les fruits de la mort et de la résurrection de Jésus. Ce dernier disait: « Si le grain tombé en terre ne meurt pas, il ne porte pas de fruit. » Donc, la mort de Jésus-Christ sur la croix, c’est le grain qui tombe en terre puis qui germe, c’est la résurrection. Quant à la moisson, c’est quand les chrétiens commencent à participer au mystère de la Pâque et récoltent les fruits de la résurrection.
Que s’est-il passé ce jour-là avec Jésus?
Le jour de la Pentecôte, Jésus n’est plus là. Auparavant, entre Pâques et, quarante jours plus tard, l’Ascension, les disciples ont vu Jésus, il s’est manifesté à eux. Ils ont eu le temps de s’habituer à sa résurrection. Mais comme il l’avait annoncé, Jésus est retourné vers son Père le jour de l’Ascension. A la Pentecôte, que Jésus avait également annoncée, c’est l’Esprit Saint qui descend. Les apôtres sont réunis au cénacle où ils étaient reclus par peur des Juifs, et ils attendent la venue de l’Esprit Saint. Certaines traditions bien attestées disent que la Vierge Marie était là aussi. L’Esprit Saint est décrit dans les Actes des Apôtres de façon très imagée, comme des lampes de feu qui viennent se poser sur les apôtres. Evidemment, c’est très symbolique. Il s’agit du feu divin. C’est le fait d’être capable de parler. Les textes parlent aussi d’un grand vent qui va ébranler la maison; c’est le souffle de l’Esprit Saint, le souffle divin. Les apôtres sont vraiment transformés de l’intérieur et, à partir de ce moment-là, ils sortent et vont annoncer la Bonne Nouvelle.
Peut-on dire que c’est l’Esprit de Dieu?
Oui, tout à fait. L’Esprit Saint et l’Esprit de Dieu, c’est la même chose. Et on connaît déjà l’Esprit de Dieu dans l’Ancien Testament. Il est pratiquement identifié à Dieu. Mais, avec la révélation chrétienne, dans les Evangiles, on comprend que l’Esprit Saint est une Personne. C’est la troisième Personne de la Trinité. Jésus, qui se présente lui-même comme divin dans les Evangiles, parle toujours de son Père comme de Quelqu’un d’autre. Il parle du Paraclet, cette aide, cet Esprit de vérité qui procède du Père. On comprend que c’est la troisième Personne de la Trinité. Ce sont les Trois qui vont donner lieu à toute la théologie de la Trinité.
Cet Esprit est-il en tous? Tout le temps?
Oui, et il est même là, d’une certaine façon, bien avant la Pentecôte. Et justement, on peut se poser la question: Pourquoi y-a-t-il cet événement de la Pentecôte si l’Esprit de Dieu est de toute façon partout? Il faut bien comprendre que, par la mort et la résurrection de Jésus, nous sommes vraiment réconciliés avec Dieu. Nous devenons enfants du Père. L’humanité a été créée dès l’origine pour être fils et filles de Dieu. Certains théologiens pensent même que, puisque tout a été créé en Jésus, par Jésus (la deuxième Personne de la Trinité), c’est dans le Fils que nous allons devenir enfant de Dieu. Dès le départ, on est amenés à être frère du fils de Dieu, qui va donc s’incarner.
Avant cela, il y a eu une rupture avec Dieu à cause du péché originel. Avec le Christ, nous sommes réconciliés. Néanmoins, l’Esprit Saint était déjà à l’œuvre avant, ne fût-ce qu’à travers les prophètes qui parlent dans l’Ancien Testament où l’on fait référence à l’Esprit de Dieu. On n’a pas attendu la venue de Jésus pour que Dieu soit déjà à l’œuvre dans l’humanité. Dès les origines de l’humanité, Dieu prépare cette réconciliation. Dieu essaie toujours de se faire proche de chaque personne humaine. Ce sont les humains qui ne sont pas toujours capables de l’accueillir.
On pourrait imager la Pentecôte avec des eaux retenues dans un canal par une écluse. L’Esprit Saint est bien présent mais pas encore libéré; il ne peut pas pleinement agir parce qu’on est en rupture avec Dieu. Au moment de la Pentecôte, l’écluse est ouverte et l’Esprit Saint peut jaillir. A un certain moment de notre vie, on peut faire cette expérience d’une présence de Dieu, d’une joie qui ne vient pas de nous et qui nous porte à aimer les autres comme nous-mêmes.
Mais si l’on n’est pas croyant, peut-on ressentir cet Esprit Saint?
Chaque fois qu’une personne fait le bien, pose un acte de bonté ou d’amour envers quelqu’un, nous, croyants, pensons que c’est l’Esprit qui est à l’œuvre dans cette personne. Et c’est pour ça que nous pensons que toute personne qui fait le bien peut vraiment être sauvée parce que le Christ agit en cette personne. L’Esprit Saint, c’est Dieu qui est en nous. C’est Dieu qui est dans notre cœur. De même, quand on a vraiment l’impression d’être en prière, c’est l’Esprit de Dieu qui est présent. L’Esprit est vraiment présent partout mais nous ne sommes pas toujours suffisamment capables de l’accueillir.
On reçoit l’Esprit Saint au moment de la confirmation. Est-ce le seul moment ?
On le reçoit aussi au baptême. Mais chaque fois que l’on prie, que l’on participe à l’eucharistie, on reçoit également l’Esprit Saint, qui est toujours présent. Le prêtre l’invoque d’ailleurs au moment de la consécration.
Peut-on invoquer l’Esprit Saint, lui demander des choses quand on en a besoin?
Bien sûr! C’est vrai que nous sommes très christocentriques, c’est-à-dire que notre prière est très souvent centrée sur Jésus. On passe par le Christ pour s’adresser au Père. Mais on peut aussi s’adresser directement au Père. Quand on prie personnellement chez soi, quand on prend un temps de prière silencieuse, c’est toujours une bonne chose de commencer par invoquer l’Esprit Saint. Quand j’étais étudiant et que je présentais mes examens, je priais souvent l’Esprit Saint de me donner la force, la lucidité pour réussir.
On parle de l’Esprit Saint comme d’une énergie vitale, un feu…
Le fait que l’Esprit Saint soit une Personne, ça ne veut pas dire que ce n’est pas une énergie, une force vitale. Sainte Hildegarde de Bingen se représentait Dieu, la Trinité donc, comme un feu vivant. On pourrait dire aussi que c’est une conscience, pour reprendre une notion actuelle. Dieu est une conscience, on peut lui parler, il nous entend. Ce n’est pas une force impersonnelle.
On fait aussi référence aux dons de l’Esprit Saint. Qu’en est-il exactement?
Saint Paul disait que l’on reçoit tous le même Esprit, mais les dons de l’Esprit sont variés. Nous avons tous des qualités naturelles différentes. Certains sont plus doués pour la musique, d’autres pour la peinture; certains ont plus de facilités intellectuelles, d’autres encore sont plutôt manuels, etc. La grâce que Dieu nous donne, qui est un autre nom de l’Esprit Saint, vient pour ainsi dire se greffer sur notre nature, sur nos capacités naturelles. L’Esprit Saint va se servir d’un talent naturel qu’on a pour le mettre au service de Dieu. Mais les dons ne sont pas les mêmes pour tous. Et heureusement! Cela permet d’être complémentaires les uns des autres pour œuvrer ensemble au Royaume de Dieu. C’est d’ailleurs aussi cela que l’on célèbre à la Pentecôte. Et c’est à cette occasion que l’on peut redemander à Dieu de nous donner certains dons, ou de réveiller des dons qu’on a peut-être oubliés, ou qu’on n’a pas encore découverts, ou qu’on n’a pas mis en application…
Source: « Une question à la foi », émission diffusée sur RCF-Bruxelles les premier et troisième mercredi du mois à 15h30
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